|
Stéphanie Trolliet
Au goût de l'eau
Le
sujet des eaux minérales n’est pas seulement passionnant mais il est
aussi d’actualité. Combien d’émissions ou d’articles sont parus ces
dernières années, surtout après l’introduction sur le marché des eaux
aromatisées. C’est pourquoi une jeune femme, Stéphanie Trolliet,
passionnée de biologie moléculaire va allier ses connaissances
scientifiques au domaine commercial pour la réalisation d’un test auprès
de 111 Yverdonnois. Laissons la parole à Stéphanie Trolliet :
L’idée de cette étude était surtout de répondre à une question
personnelle : pourquoi boire de l’eau en bouteille ? Existe-t-il une
véritable différence de goût entre l’eau du robinet et une eau
minérale ?
Il est indéniable qu’une eau fortement minéralisée se différencie plus
facilement d’une eau neutre. Toutefois, comme une grande consommation de
ce type d’eau n’est pas recommandée, je me suis focalisée sur des eaux
plus équilibrées. Je suis donc partie avec l’objectif de tester deux
eaux plates, une eau minérale plate équilibrée et l’eau du robinet.
Quoi de mieux
que de tester l’eau plate Arkina qui est produite à Yverdon-les-Bains
avec l’eau du robinet de cette ville, provenant en grande partie du lac
de Neuchâtel.
En ce qui concerne une comparaison d’eaux gazeuses, j’ai opté pour deux
eaux peu gazeuses, l’eau gazeuse Arkina et l’eau gazeuse verte Henniez.
Étant donné l’engouement pour les eaux aromatisées, je me suis demandée
si seuls les jeunes y étaient réceptifs ou s’il y avait une demande plus
générale. Pour y répondre, les deux nouvelles eaux aromatisées d’Henniez
ont été testées.
Les données ont été saisies et analysées de manière significative. Tous
les détails sont naturellement fournis dans la brochure. Nous donnons
ici que la conclusion dressée par Stéphanie Trolliet.
Cette étude a tout d’abord permis de soulever quelques penchants en
matière d’eau minérale. Le marché des eaux minérales se porte bien, vu
la croissance des ventes. Toutefois, les résultats obtenus auprès des
personnes interrogées montrent qu’elles consomment toujours, et
régulièrement, de l’eau. Un peu moins d’un tiers des personnes
interrogées avoue boire chaque jour de l’eau minérale en bouteille
contre 67% pour l’eau du robinet. Contrairement à des données
antérieures, de grandes différences de consommation entre eau gazeuse et
eau plate n’ont pu être observées. Ce test effectué à Yverdon-les-Bains
montre que la fréquence de consommation est identique, mais que la
quantité d’eau plate bue est plus importante. En ce qui concerne la
dernière partie du test, 77,5% des personnes interrogées nous ont confié
avoir déjà goûté une eau aromatisée, mais seulement 15,3% en consomment
régulièrement. Il est vrai que l’introduction de ces nouvelles eaux,
jugées souvent trop sucrées, a suscité une vague de polémique. D’un
autre côté, vu les problèmes d’obésité que rencontrent nos pays, je
pense que la mise sur le marché de concurrents aux soft-drinks peut être
une alternative positive. Ainsi, j’imagine que ces produits, introduits
il y a trois ans, feront sûrement leur place près de leurs homologues
exempts de saveur dans les années à venir.
Durant le test à Yverdon. A droite
Stéphanie Trolliet
La Suisse, véritable château
d’eau de l’Europe, grâce à ses nombreux fleuves et lacs, fait partie des
cinq plus gros consommateurs d’eau minérale. On pourrait donc se
demander quel(s) aspect(s) des eaux minérales attire (NT) tant les
acheteurs d’eau en bouteille. Une réelle différence de goût entre l’eau
minérale testée et celle du robinet à Yverdon-les-Bains n’a pu être
démontrée lors du test sur les deux eaux plates. Il est probable que le
choix d’une eau plus minéralisée à la place de l’eau Arkina aurait donné
d’autres résultats, mais l’intérêt de ce test résidait dans la
comparaison de deux eaux au goût relativement neutre. Il aurait été
aussi intéressant de tester d’autres eaux potables, peut-être plus
fortement chlorées, que celle se trouvant dans le réseau d’Yverdon.
Pourtant, d’après ce résultat, je ne vois que deux différences possibles
entre l’eau minérale et le « Château-La-Pompe » yverdonnois : le prix,
et la composition de l’eau minérale qui elle reste constante au fil du
temps.
Naturellement, les résultats du test élaboré par Stéphanie Trolliet ont
été soumis aux entreprises concernées ainsi qu’au président cantonal de
Gastro Vaud, qui ont bien voulu répondre aux questions de la biologiste
et future master en management et marketing de la technologie (MTE).
Voici quelques extraits de ces entretiens en débutant par celui de
Bettina Kammermann, directrice de marques chez Feldschlösschen,
propriétaire de Arkina :
Arkina est une eau minérale provenant d’Yverdon-les-Bains, l’endroit où
s’est déroulé ce test. Ainsi, j’avais émis l’hypothèse que Arkina serait
mieux positionnée par rapport aux autres marques, ce qui n’est pas le
cas dans notre test. N’y aurait-il aucune corrélation entre le lieu de
production et le lieu de consommation, qu’en pensez-vous ?
Il
est vrai qu'en ce qui concerne l'eau minérale, il y a malheureusement de
moins en moins de corrélation car le prix influence énormément le
consommateur. Je pense avec cela aux importations bon marché de
l'étranger et aux propres marques des détaillants. Il est très
difficile, voire impossible, d'atteindre une certaine fidélité de la
part des consommateurs dans ce domaine compte tenu des promotions de
prix alternant constamment dans ce type de commerce.
La population de cette étude a comparé l’eau du robinet d’Yverdon
provenant du lac avec l’eau minérale plate Arkina. Les résultats ne
montrent aucune préférence significative pour l’une ou l’autre au niveau
du goût. En jouant l’avocat du diable, pourriez-vous me dire pour quelle
raison la population d’Yverdon préférerait-elle consommer l’eau Arkina ?
C’est la discussion fondamentale entre eau minérale et eau plate.
Contrairement à l’eau minérale, les composants de l’eau potable peuvent
être soumis à des modifications importantes. En règle générale, l’eau
minérale contient plus de sels minéraux et d’oligo-éléments importants
nécessaires à la santé humaine que l’eau du robinet.
Pourquoi
la marque Arkina n’est-elle pas plus présente dans les supermarchés ?
Cela est lié à la concentration devenant de plus en plus grande dans le
commerce de détail suisse. Après l’achat de Pick Pay par Denner, il
reste trois grands détaillants nationaux, soit Migros, Coop et Denner.
Une commercialisation via le réseau de distribution Migros est
difficilement réaliste pour la plupart des fabricants de marques. De ce
fait, il ne reste que deux chaînes pour distribuer largement l'ensemble
des produits. Et lors des négociations, les facteurs les plus divers
jouent alors un rôle.
Que pensez-vous des eaux aromatisées ? Avez-vous des projets dans ce
sens avec Arkina ? Si oui, qui décide des arômes ?
Nous produisons sous notre autre marque d’eau Rhäzünser, un produit
aromatisé, c’est-à-dire Rhäzünser Plus qui est proposé dans les goûts
citron et pêche. Nous croyons dans ces nouvelles catégories d'eau
minérale et avons l’intention de nous développer dans cette direction.
Les saveurs sont choisies d'après des évaluations du marché (besoin des
consommateurs, tendances, etc.) et grâce à de précédentes expériences.
Nous avons d’ailleurs déjà fait des enquêtes-tests dans ce domaine.
Le 4
octobre 2005 Stéphanie Trolliet a été reçue par Stéphanie Wyler,
assistante au service marketing des Sources minérales Henniez SA qui lui
a fait connaître sa réaction vis-à-vis du sondage effectué à
Yverdon-les-Bains :
Les résultats montrent que Henniez est
préférée par 15% des personnes interrogées. Est-ce que cela vous
surprend ?
Cela
ne nous surprend pas du tout dans le sens où les eaux minérales Henniez
sont bien connues dans toute la Suisse et préférées par la majorité des
consommateurs. Nous sommes heureux de constater que malgré l'eau
minérale Arkina d’Yverdon, nous avons obtenu un excellent résultat. Sans
oublier que nous sommes en concurrence avec plus de soixante marques
d’eaux minérales sur le territoire suisse.
Le test de goût sur les eaux gazeuses démontre que les personnes testées
apprécient autant l’eau plate que l’eau gazeuse. Cela est-il confirmé
par vos ventes ?
La
fréquence de consommation eau plate et eau gazeuse est quasi identique
mais la quantité consommée est plus importante pour l’eau plate.
Les
femmes et la tranche d’âge 14 - 35 ans semblent être un public cible
pour les eaux aromatisées. Est-ce exact ?
Notre
cible pour les eaux aromatisées Henniez esprit fruits sont des
consommateurs à la recherche de produits vrais, sains et naturels. Il
est vrai que les femmes urbaines, âgées entre 14 et 35 ans correspondent
tout à fait à notre cible. Nous visons également les mamans, qui ont un
rôle de prescripteur pour ce type de produit.
L’eau Henniez Esprit Fruits Mangue a rencontré un meilleur succès que
son homologue Citron. Pensez-vous que ce soit lié à l’acidité ou au
sucre ?
D’après
nos ventes, Henniez esprit fruits Citron-Menthe remporte autant de
succès que Henniez esprit fruits Mangue-Yuzu. Mangue se distingue
probablement par son effet de nouveauté sur le marché, mais le produit
Citron reste très apprécié par les consommateurs.
Une semaine plus tard, la chargée d’étude a rencontré Jean-Michel Sévic
restaurateur, président de la section de Bex de Gastro Vaud qui a
répondu à quelques questions plus générales sur la consommation des
boissons dans la restauration.
Est-ce que vous pourriez nous expliquer votre rôle au sein de GastroVaud
et la fonction que vous y exercez ?
Je
suis à GastroVaud depuis 1978 et le président de la section de Bex
depuis 1980. J’assume en outre les postes de vice-président cantonal et
de président de la commission du marketing. En plus de mes fonctions
dans diverses commissions pour GastroVaud et pour l’Etat de Vaud, je
suis aussi membre de la commission des examens de cafetiers et
représentant permanent de GastroVaud aux conférences des présidents en
Suisse.
Et quels liens y a-t-il entre GastroVaud et les groupes minéraliers ?
Nous
entretenons beaucoup de liens avec Henniez et Arkina surtout, qui sont
nos partenaires vaudois. Ces liens particuliers sont dus à leur présence
dans toutes nos manifestations de regroupement des cafetiers
restaurateurs annuels et bisannuels. Nous entretenons bien sûr le même
type de relation avec Arkina qu’avec Henniez.
Que
pensez-vous de l’introduction des eaux minérales aromatisées dans les
cafés-restaurants ?
En ce qui concerne les eaux minérales aromatisées, nous n’avons pas
encore réglé ce problème, c’est un produit tout neuf. Pour ma part, j’ai
le sentiment que c’est une eau minérale qui s’harmonise plutôt avec le
grand public qu’avec les cafés-restaurants. Il se peut par contre qu’il
y ait des niches ou des possibilités pour certains établissements types.
Est-ce
qu’il n’y a pas une réglementation qui oblige les cafés-restaurants à
fournir le journal et la carafe d’eau gracieusement ? Ce n’est plus
d’actualité ?
C’est
une légende. Cela n’a jamais été d’actualité, même avec la Feuille des
avis officiels, d’offrir un verre d’eau ! Cela a toujours été dit mais
jamais écrit. Ainsi, il n’existe aucun règlement à ce sujet.
Comment évolue le secteur économique des
cafés-restaurants, surtout depuis l’introduction du 0,5 pour mille ?
Le 0,5 pour mille a eu indéniablement un effet de perte pour nos
établissements. Cela fluctue entre 15% et 30% ! Les plus touchés sont
les établissements un peu en dehors des villes ainsi que les
établissements qui vendent davantage de vin comme les pintes. Même les
établissements gastronomiques sont touchés.
Est-ce
que vous pensez que les gens consomment moins d’alcool et plus
facilement de l’eau minérale ?
Je n’ai pas cette impression, les gens qui ont l’habitude de boire du
vin, boivent du vin. Ces personnes ne vont pas transformer leur vin en
eau minérale. Pour moi, c’est juste une question d’habitude; si vous
allez en France, où le 0,5 pour mille a été introduit il y a bien
longtemps, les gens ont pris une ligne de conduite, ils sont devenus
plus sobres, mais ils ne se restreignent pas pour autant !
Il nous semble qu’en
Suisse ou dans le canton de Vaud, une grande liberté est laissée à
chaque établissement pour gérer ses produits, est-ce bien exact ?
En effet, un restaurant est une entreprise commerciale qui se doit de
s’adapter aux changements de comportement de ses clients et de la
société en général. Cela fait aussi la beauté et l’intérêt de ce métier.
L’émission ABE a soulevée
d’autres questions pour celle qui se demandait personnellement pourquoi
boire l’eau minérale en bouteille. Elle les a donc introduites
fortuitement dans ses interviews et dans les dernières phrases de sa
conclusion à l’étude que voici :
L’émission ABE sur les eaux minérales a soulevé la question du prix des
eaux minérales, près de six cent fois plus cher que l’eau du robinet.
Les journalistes de l’émission sous-entendaient que l’achat d’une eau
minérale pouvait être lié à l’image, au rêve publicitaire que ces
boissons véhiculent. Si telle est la raison qui pousse certains
consommateurs à préférer une eau minérale au lieu de l’eau du robinet,
alors je ne vois pas de problème à ce que certains pays riches paient
cher un rêve que d’autres moins fortunés n’imagineraient même pas.
CONTENU :
36 pages A4, photos couleurs
COMMANDE :
Nos brochures sont à vendre. Merci de nous contacter.
Le Programme Eau21 ne poursuit aucun but lucratif.
Association Développement 21
Rue du Bugnon - 1375 Penthéréaz - Suisse
Tél + 41 (0)21 881 22 39 - E-mail eau21@eau21.ch
- Site http://www.eau21.ch
©
Toute reproduction, même partielle, devra faire l'objet au préalable
d'une demande écrite.
Décembre 2005
|
|