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TONEL PACIFICO

Passion de la pêche
sur la rive sud du lac de Neuchâtel
 

 

Si vous avez fait un pot au feu pendant la semaine,

Garder le bouillon de légumes, excessivement corsé !

Cuire les filets de brochet dans ce bouillon

Lorsque les filets sont cuits, la peau se détache

Laisser refroidir un peu et enlever les arêtes

Malaxer légèrement la chair avec vos mains

Récupérer les petits morceaux de chair

Préparer une sauce à salade

Huile d’olive, ail persil et piment

Selon vos goûts, vous pouvez ajouter
un peu de concentré de tomate
 

Cette recette de la salade de filets de Brochet vous est présentée par Jean-Pierre Zbinden. En fait, le poisson dans la poêle est l’aboutissement du travail du pêcheur que cette passionnée de photographie a pris à cœur de nous transmettre à travers son étude.
Je me suis jetée à l’eau, dit-elle, avec une émotion particulière : mon grand-père pêchait dans un fleuve, il Volturno, au sud de l’Italie, qui borde le petit coin de paradis d’où je proviens. Petite, j’étais impressionnée par le rituel quotidien auquel s’adonnaient mon grand-père et ses amis. Aujourd’hui, cette étude a modifié ma perception de ce métier tout de passion. En observant les pêcheurs et en m’imprégnant de leur esprit, j’ai ressenti comme une réminiscence de mon enfance. Chaque mot prononcé et chaque situation évoquée ont suscité un enthousiasme que je tiens à partager avec vous. Toute l’information que j’ai glanée dans mes filets, au fil de mes recherches, me permet de vous présenter ma pêche miraculeuse.

Sur le lac de Neuchâtel

Cette Lausannoise, comme elle avoue elle-même, a « mordu à l’hameçon », et a vécu l’expérience de ce passionnant mais rare métier de pêcheur suisse. Pourtant son étude commence dans le grand nord canadien avec les Inuits, pêcheurs confirmés, et leurs étonnants masques de métamorphose. En fait ils nous ouvrent les pages de l’histoire des pêcheurs du lac de Neuchâtel, des Magdaléniens aux professionnels d’aujourd’hui. Ensuite Tonel Pacifico nous apprend tout de ce qu’un bon lacustre doit connaître, ainsi les vents qui soufflent sur le lac, très important pour toutes les personnes qui prennent le large :
La Bise
souffle du bas du lac en direction d'Yverdon-les-Bains avec une régularité constante de force 3 à 5. Elle peut devenir violente, surtout au large d'Yverdon-les-Bains.
Le Joran
est un thermique soufflant du nord. Les soirs d'été vers 17 heures, il se met à souffler en direction du sud. Il annonce le beau temps pour le lendemain. Ce vent peut être très dangereux, car en cas de temps orageux, c'est un Joran tempétueux qui se lève en quelques minutes. Souvent, en moins de dix minutes, des vagues de plus d'un mètre se forment au contact de la rive sud. Il est annoncé par un cordon nuageux sur les crêtes du Jura quelques heures à l'avance. Dès que ce cordon de nuages descend de la montagne, il est trop tard pour regagner l'abri d'un port.
Le Vent d’ouest à sud-ouest est le vent dominant. Il souffle habituellement d'Yverdon-les-Bains en direction du bas du lac avec une force 4 à 5. Ne sont pas rares en hiver les tempêtes ou les forts coups de vent pouvant atteindre force 10 (environ 100 km/h).

L'Hubert
ou l'Hobera est un thermique du sud. Il souffle légèrement le matin du sud au nord. Il est frais et lève des vagues d'une dizaine de centimètres seulement.
Les courants locaux sont : la Bise de Chasseral, la Bise de Berne, le Vent blanc, le Joran de Plamboz et le Joran de Chasseral.

Ceci est un exemple des multiples informations que l’étude nous offre mais nous n’allons pas trop nous attarder ici sur toutes les indications fournies. Sachons cependant que les renseignements les plus utiles y sont décrits : Ainsi sur le poisson, tant sauvage que d’élevage, on trouve son anatomie, sa nourriture, son environnement aquatique, etc. De même on apprend les différentes techniques de pêche tant pour les professionnels que pour les amateurs, les engins de pêche, filets et autres hameçons, les ancres utilisées… Tonel Pacifico nous transmet également des indications générales sur la formation et le perfectionnement des pêcheurs professionnels, ainsi que sur les permis de pêche. Le tout est accompagné de nombreuses photos et schémas.
Si la prospection de documents fût une partie du travail de la chargée de recherche, l’autre a été son contact sur le terrain. Voici le récit de l’une de ses journées d’hiver :

             
Les conseils du Zed à Tonel Pacifico
Le matin, le départ est à la pointe du jour, entre cinq et six heures ; on l’appelle «le jour gris». Le retour se fait vers neuf heures.
Il est cinq heures, l’horizon s’éclaircit en douceur. Bientôt, le bal des filets animera le lac avec ses célèbres acteurs, poissons et pêcheurs. Chaque filet posé le soir d’avant, ainsi que les nasses, sont contrôlés. La pratique utilisée est le reverchage, qui consiste à courir le long du filet, à récupérer les poissons pris dans la toile et laisser replonger le filet dans l’eau, afin qu’il assure à nouveau sa fonction. Lever les filets est le principe de retirer le filet de l’eau et de le mettre dans le bateau.
Après avoir parcouru tous les filets et contrôlé les nasses, les poissons sont démaillés et posés dans des caisses.
Avant de retourner au port, une remise en ordre des filets sur le bateau est indispensable. Cette action s’appelle : épanchage. Une fois à terre, les filets sont déchargés, nettoyés, lavés et préparés pour la prochaine sortie. Dans le sceau, trois splendides bondelles mâles sont réservées afin d’extraire leur laitance, qui servira à la fécondation des œufs des bondelles femelles. Pêche destinée à la reproduction de l’espèce. La bondelle est un poisson de fond, alors que la palée est un poisson d’entre deux eaux. Elles font partie de la famille des corégones. Ensuite conditionnement du poisson.
Nous sommes accueillis par nos amies les mouettes en délire, étirant leurs ailes comme une révérence. Les poissons sont vidés de leurs entrailles, et mille et une plumes ouvrent le carnaval.

Lottes pêchées par Claude Delley, à Portalban

Les poissons sont passés à la machine à écailler, nettoyés et taillés en filets. Ils sont prêts pour la livraison aux marchands et la vente aux particuliers. En fin d’après-midi, vers 16 heures, si la pêche a été peu fructueuse, nous retournons sur le lac.
Le crépuscule s’avance, il est 19 heures. Dernière sortie sur le lac, afin de retendre les filets dérivants pour les palées, pour autant que le temps le permette. De retour au port, tout le matériel est préparé sur les bateaux pour une nouvelle journée de pêche.
La journée s’achève, il est souvent 21 heures.
Les bateaux sont bercés par le jeu des vagues. Les pêcheurs professionnels ont leur trésor : « les perches », qui assurent le revenu indispensable à leurs investissements.
En été, les horaires sont différents. Le matin, nous partons vers 4 heures 30, juste avant le lever du soleil, afin de voir les marques des filets sur l’eau. Le retour se fait généralement vers 8 heures. En fin d’après-midi, nous repartons sur le lac pour installer le matériel pour la pêche du lendemain. Tous les jours sont basés sur cette règle.

En passe-temps, nous jouons aux cartes : « on touche la dame de cœur, on la bascule dans un champ de trèfles, ensuite on la pique, jusqu’à ce qu’elle tombe à carreau… »

Cabanes de pêcheurs à Yvonand


Les extraits des entretiens qui suivent nous apprennent beaucoup sur la vie et l’expérience des pêcheurs. Le premier s’est déroulé avec Jean-Pierre Zbinden – dit le Zed – pêcheur professionnel à Yvonand le vendredi 13 janvier 2006.

Quel est votre parcours professionnel ?

La pêche est une passion depuis que je suis tout petit. Les poissons sont une passion. Tout ce qui vit dans l’eau est une passion. Qui dit pêche, dit capture. Tout a commencé lorsqu’on m’a dit qu’il fallait avoir un autre métier, avec obtention d’un certificat fédéral de capacité (CFC), pour obtenir le permis de pêche professionnel. J’ai donc appris quatre métiers et obtenu quatre CFC : maréchal forgeron, monteur en chauffage, serrurier et appareilleur.

Quelle est la personne qui vous a donné le plus envie de pêcher ?

J’ai passé ma vie d’enfant, jusqu’à l’adolescence, au bord des rivières. En sortant de l’école, j’allais à la pêche, toujours tout seul. J’ai tout appris en observant la nature. Au niveau du lac, pour la pêche professionnelle, j’avais un ami qui avait dix ans de plus que moi et nous étions toujours ensemble. Il m’a montré mille et une choses. Il se nommait André Ottonin, pêcheur professionnel d’Yvonand dit Coco qui était le fils de Toto et Titi. C’est toute la famille Ottonin qui m’a donné envie de pêcher sur le lac.

Est-ce que vous viviez de votre propre pêche ?

Depuis 1973, jusqu’aux années huitante, j’ai dû aller travailler pour élever mes enfants. Ma première fille est née en 1977 et la deuxième en 1979. Tant que je n’étais qu’avec ma femme, à l’époque, on arrivait à vivoter mais on ne pouvait ni s’offrir de vacances, ni pratiquer le ski, et à Noël les cadeaux étaient restreints. Pour compenser le manque de gain, j’ai travaillé comme serrurier-monteur, ensuite comme soudeur, et après comme chef et remplaçant du contremaître, tout en pêchant. Lorsque les ouvriers ne voulaient plus travailler, j’allais le samedi et le dimanche faire des heures supplémentaires. En 1984 il y a eu un extraordinaire développement de la perche dans le lac de Neuchâtel, et comme il n’y avait pas de perches dans les autres lacs cela nous a permis de gagner beaucoup d’argent pendant deux ans et demi. Du 1er juin au 17 octobre de ces années-là, je travaillais tous les jours depuis quatre heures du matin jusqu’à minuit, y compris le samedi et le dimanche. Et au mois d’octobre j’ai dit stop, autrement je faisais un malheur.

                 
Le bateau du Zed
Quel a été le moment où vous vous êtes senti en danger pendant la pêche ?

Dans ma vie, j’ai eu deux incidents. Le premier, un été où il faisait terriblement chaud, on avait bien arrosé l’apéro avec Coco, et puis à 15 heures, je suis parti pour aller tendre mes filets. À l’époque, on tendait dix filets appondus les uns aux autres. Chaque fois qu’un filet de 100 m était dévidé du bâton, il fallait remettre l’autre. Et puis mon moteur était au ralenti, la vitesse enclenchée bien entendu, le bateau continua sur sa ligne droite. L’alcool aidant, il y a eu une vague, ou je ne sais quoi, qui a secoué le bateau, et je suis passé à l’eau, entre les deux filets et en plein milieu du lac. Une chance particulière : le filet que je voulais mettre à ce qu’on appelle la servante pour le tendre, était attaché à celui qui était derrière, ce qui a retenu mon bateau car la ficelle s’est tendue (elle retient des tonnes cette ficelle) et puis cela a fini par se bloquer contre le moteur. Là, lorsque le bateau s’est arrêté, j’ai pu le rejoindre à la nage. Je peux dire que dans les quinze secondes, j’avais dessoulé ! Depuis ce jour, je n’ai jamais rebu d’alcool avant de retourner sur mon bateau. Si je bois, je ne vais pas sur le lac.

Et la deuxième fois ?

La deuxième fois, un mois de janvier, lors d’une pêche piscicole de truite le long des rives, un garde-pêche m’avait donné l’ordre de mettre quatre filets près du marais pour essayer de capturer des mâles destinés à la pisciculture. C’était dans une zone interdite. Alors nous sommes partis et le soir, en voulant tout contrôler, j’ai tendu ces filets à deux endroits bien précis. Et puis je ne sais pas si j’ai eu une appréhension, j’ai tout de même mis une petite boille au bord.
À 23 heures j’entendis souffler la bise, j’étais vraiment dans un endroit très dangereux, les filets auraient été fichus, mais la bise tomba finalement. Le lendemain matin il faisait moins 5° et la bise commença à se relever. Alors je suis parti pour enlever les filets.
À l’intérieur de mon bateau, mes deux bottes étaient appuyées sur un plastique, les deux genoux contre le banc ; je ne me suis pas méfié qu’avec une température pareille et l’humidité l’intérieur du bateau serait gelé. Ce qui fait que les deux pieds m’ont manqué, et puis dans 1,50 m d’eau, je me suis penché pour prendre la boille et je suis passé par-dessus bord. J’étais trempé ! J’ai vite sauté dans le bateau, direction la Mentue. J’ai fait huit cents mètres, impossible de rentrer avec mon bateau dans la rivière, aussi je me suis dirigé sur les cailloux au bord, plein gaz. Une fois sur la rive, j’ai arrêté le moteur et sauté dans ma voiture. Arrivé à la maison, je me suis plongé dans la baignoire, pour me passer sous l’eau chaude afin de dégeler mes habits. Chaque fois que je pliais un bras, tout craquait à cause du gel ! Je n’ai pas été malade, par contre ma peau était bien bleue.

Quel serait le meilleur conseil que vous donneriez à un jeune qui souhaite devenir pêcheur professionnel ?

Si aujourd’hui un jeune veut se lancer comme pêcheur professionnel, il faut qu’il soit appuyé et soutenu par quelqu’un de sérieux financièrement, avec un capital d’installation minimum entre 250'000 et 300'000 francs, pour acheter tout le matériel nécessaire. Il devra maîtriser ses charges et vendre son poisson lui-même, soit en faisant les marchés soit en créant son propre commerce de vente. Là, il aurait des chances.

Qu’est-ce qui vous séduit le plus dans la pêche ?

C’est la liberté du travail. Personne ne nous donne des ordres, pas de machine à timbrer ! Nous, on pêche avec le jour, la nuit et les saisons. C’est notre horloge à nous, les pêcheurs professionnels. Mais c’est une liberté qui coûte chère… Un proverbe dit : « Ni pêcheur, ni chasseur, n’achetèrent ni champ, ni vigne » c’est un très vieux proverbe, mais il est exact !

Comment percevez-vous la société d’aujourd’hui, optimiste ?

Partout où l’être humain met son nez, cela ne va pas bien ! La vie d’un lac est comme une chaîne de vélo : elle est sur le petit pignon et le grand pignon. Il suffit qu’on enlève un maillon à cette chaîne, elle fait encore un tour, et après, elle tombe. Je dirais que je suis plutôt pessimiste concernant la société d’aujourd’hui… Le respect n’existe plus, et très peu de gens prennent le temps de vivre et de sourire.


Entretien le 17 janvier 2006 avec Hélène Cereghetti, grande amatrice de pêche en rivière.

Avez-vous passé votre enfance au bord d’un lac ?

Je suis née en 1916, à Yvonand, dans la ferme en contrebas, proche des rives du lac.

Quelle est la personne qui vous a donné le plus envie de pêcher ?

Mon mari. Lorsque je l’ai connu, il pêchait déjà en rivière. Nous nous sommes mariés et notre enfant est né. Lorsqu’il partait à la pêche, souvent nous l’accompagnions. Mon fils et moi jouions dans l’herbe et on se promenait tout autour des rivières.
Mes premières tentatives de pêche étaient plutôt
périlleuses… Il fallait que je fasse très attention si je ne voulais pas passer tout mon temps à démêler l’hameçon pris entre les branches des arbres. Mon mari me disait bien comment faire mais je n’étais pas très douée. Et puis tout d’un coup, à force de persévérance j’y suis parvenue. Je n’étais pas aussi habile que lui mais c’est mon mari qui m’a appris à pêcher. C’était en 1942.

Quel a été votre plus grand moment de pêche ?

Un matin, au bord de la Mentue, j’ai surpris un renard qui tenait une poule dans sa gueule, à moitié morte. J’ai crié, frappé dans mes mains, espérant que le renard lâche la poule. Ce qu’il fit. J’ai pris la poule et l’ai soulagée de sa mésaventure en l’achevant. Ainsi je partis pêcher avec une poule dans mon panier. J’ai pêché tout le matin sans prendre un seul pic ! Vers midi, j’ai décidé de rentrer à la maison. Au moment où j’ai posé ma canne j’ai senti une résistance. En tirant le fil d’un coup sec j’ai ferré le poisson qui venait de mordre. J’ai tiré ma canne, et au bout s’agitait une magnifique truite d’environ un kilo. Je l’ai saisie rapidement avec mes mains, avant qu’elle ne puisse s’échapper en rebondissant sur les cailloux. J’ai remonté la berge et l’ai déposée dans mon panier à côté de la poule.

Pêcher pour vous, c’est du plaisir pur ?

À chaque fois j’éprouvais un grand plaisir de pêcher. Lorsqu’on pêche, on oublie tout !

Qu’est-ce qui vous a séduite le plus dans la pêche ?

Je me sentais libre et insouciante…


Claude Delley est pêcheur professionnel depuis 1980. Il m’a accueillie une matinée de janvier 2006 au port des pêcheurs de Portalban.

Avez-vous passé votre enfance au bord d’un lac ?

Jusqu’à l’âge de dix ans on passait tous les week-ends ainsi que toutes les vacances en haut sur le plateau, à la ferme. Lorsque je sortais de l’école, je filais au lac. J’ai passé le plus clair de mon temps entre la campagne et le lac. Nourri par l’air pur et bercé par les vagues je n’aurais pas pu faire un métier qui ne soit pas en contact permanent avec la nature.
 

Quelle est la personne qui vous a donné le plus envie de pêcher ? Comment êtes-vous devenu pêcheur professionnel ?

Mon grand-père m’emmenait avec lui sur le lac quand j’étais petit. Il m’a aussi appris à bricoler le bois et je me suis dit « Je veux faire menuisier ». Un de mes copains et moi voulions fonder une entreprise. Entre-temps, j’ai subi une opération et je ne pouvais plus faire d’effort. Je ne voulais pas recommencer un apprentissage.
Comme j’avais goûté aux plaisirs de la pêche pendant un an, bronzage l’été, sans faire trop d’efforts, je n’ai pas imaginé faire autre chose que pêcheur professionnel. J’ai peu de souvenirs avec mon grand-père lorsque nous sortions sur le lac mais ils sont magiques.

Comment obtient-on un permis de pêche professionnel ?

Je dirais que c’est assez pointu. Il faut une très bonne connaissance de la faune aquatique du lac, de la biologie du poisson, et avoir accompli un stage de trois mois au minimum avec un pêcheur professionnel  qui certifiera votre présence. Enfin, lorsque la feuille d’avis annonce des examens pour le permis de pêche, s’y inscrire. Aujourd’hui vous ne pouvez pas obtenir le permis de pêche professionnel, s’il n’y a pas de place à repourvoir. La taxe annuelle est de 950 francs, à signaler !
Je suis pêcheur professionnel depuis le 1er juillet 1980, j’avais 18 ans, et j’ai fait mes débuts avec mon papa. Je pense qu’il est très important d’avoir la mentalité de pêcheurs. Entre pêcheurs, on ne se vend pas !

Est-ce que vous vivez de votre propre pêche ?

Je ne vis que de la pêche. Je pratique la vente directe et nous faisons le marché à Neuchâtel. Ma spécialité est la bondelle fumée, avec une recette de mon père gardée ultra secrète qu’il m’a transmise. De nos jours, il est très difficile de vivre de sa propre pêche. Il y a très peu de pêcheurs qui peuvent se permettrent d’employer un apprenti ou un ouvrier. Je parviens à sortir juste mon salaire, et la seule personne que je pourrais former est mon fils.

Quel a été votre plus grand moment de pêche ?

C’était en 1984, un samedi matin de juillet. L’après-midi à 14 heures, une assemblée de sauvetage était prévue. Avec mon père, la veille nous avions tendu dix filets et il me dit que ce serait bien d’avoir des poissons pour samedi car on en manquait. Il partit retendre les filets pour capturer des perches direction Neuchâtel, moi je me dirigeais vers Chevroux pour pêcher des bondelles. Le lendemain matin à 5 heures 30, je suis allé retirer les filets à Neuchâtel. Ce jour-là j’ai eu 150 kilos de perches ! Alors, calmement, tout en finissant de démailler le restant de perches dans les filets, je présidais l’assemblée du sauvetage.

Quel est le moment où vous vous êtes senti le plus en danger ?

Nous étions dans le port de Portalban et ce jour-là il y avait un fort vent. J’étais avec ma femme, enceinte à l’époque, et il fallut sauver une fillette qui était en train de se noyer devant le port. Peu avant que nous ayons rejoint la fillette, elle a coulé. Elle a passé sous le bateau et ce sont les remous du bateau qui la ramenèrent à la surface. Ma femme a juste réussi à l’attraper par les cheveux et à l’attirer. J’ai eu une double frayeur. La première pour la fillette qui se noyait et par la suite pour ma femme. Comme elle était enceinte et qu’elle s’appuyait sur la barre du bateau, elle a eu de nombreuses douleurs pendant trois semaines.

Que pensez-vous de l’évolution de la pêche ?

Ce n’est pas un métier facile mais il y aura toujours du poisson. Malheureusement les prix n’ont pas évolué comme on l’aurait souhaité. Cela dépend beaucoup des régions. Par exemple dans le lac Léman ils n’ont pas eu d’état d’âme, ils ont augmenté le prix du poisson. Nous, nous avons trop considéré la demande de nos clients, ce qui n’a pas fait évoluer le prix de nos poissons.

Quel serait le conseil majeur que vous donneriez à un jeune qui voudrait devenir pêcheur professionnel ?

Beaucoup de courage et de persévérance. L’idéal serait d’avoir un capital de 100'000 francs minimum, et un autre métier. Un fils de pêcheur a beaucoup plus de chance de réussir.

Qu’est-ce qui vous séduit le plus dans la pêche ?

Sortir sur le lac sans savoir ce qu’il nous réserve. Je n’ai pas choisi le métier de pêcheur pour faire fortune, mais ce qui me plaît c’est d’être libre, et en communion avec les éléments.

Pour terminer, un lexique et une bibliographie amarrent l’étude dans la brochure.

L'eau, un spectacle de sons et de sens...

à contempler....


CONTENU :
76 pages A4, photos couleurs

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Mars 2006
 


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