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JUSTINE ROSSELET

étude complétée par Philippe Feune

Sourciers et chercheurs d'eau :

évolution d'une pratique et d'un savoir

 

Le sourcier, un nom que tout le monde connaissait, ce chercheur d'eau avec sa baguette et que glorifia un Marcel Pagnol dans La fille du puisatier. Mais actuellement qu'en est-il de ce métier ? Malgré un passé glorieux a-t-il évolué ? Qu'en est-il de son avenir ? C'est à ces questions et à d'autres que Justine Rosselet s'est attelée. Son étude commence par quelques notions naturelles sur la formation d’une source d'eau puis se poursuit avec un résumé de l'histoire de la sourcellerie de l'Antiquité à nos jours. Résumé complété par Philippe Feune qui nous apprend que la découverte des sources d'Arkina d'Yverdon n'a pas été très "scientifique". On découvre ensuite la pratique et l'utilisation de la célèbre baguette du sourcier —ainsi que du pendule — et surtout que le sourcier apporte des éléments beaucoup plus sociaux à la communauté comme nous le relève Justine Rosselet :

Un sourcier et son bâtonDans la région de Couvet, le sourcier Magnin est surtout appelé pour chercher des points d’eau dans les pâturages pour les bovins. Il a ainsi pu déterminer plusieurs sources d’eau, tout en exprimant son inquiétude quant à la capacité de capter l’eau trouvée : « Dans le temps, les parents voyaient un champ humide, et ils creusaient… Aujourd’hui, les gens ne veulent plus perdre leur temps. L’eau est précieuse, si on peut garder un petit filet. Les vieux s’intéressaient à ça avant, ils suivaient l’affaire ». Avoir de l’eau directement dans un champ est tout de même pratique, surtout pour les cultures. Le sourcier qui exerce à Couvet, par exemple, n’est pas seulement un chercheur d’eau. C’est aussi une personne qui est témoin et qui garde en mémoire beaucoup d’histoires de la région, parce qu’on lui a confié des problèmes, demandé conseil et raconté des choses. C’est une personne en qui les gens semblent avoir confiance et pour laquelle ils auraient même une certaine admiration. C’est un homme qui est réceptif à des phénomènes de l’ordre de l’extraordinaire pour le commun des mortels. Dans ce sens, il n’est pas seulement chercheur d’eau, il aide et apporte des solutions aux gens qui font appel à lui. Le sourcier acquiert sa réputation grâce à ses « réussites ». Il travaille son don et ainsi gagne une place particulière au sein de sa communauté ou de son entourage.

 

Source du Lison, Jura français

Sortant de la figure traditionnelle du sourcier, Justine Rosselet nous présente ensuite des métiers de l'eau nettement plus scientifiques : le géobiologue, l'hydrogéologue ou encore le géophysicien avec leurs spécificités et leurs outils tout aussi spécifiques, mais qui n'abandonnent par pour autant la baguette. Ces professionnels, nous les retrouvons dans les différents interviews qui suivent le témoignage de Francis Magnin.

 

M. Francis Magnin, sourcierJustine Rosselet, le 28 juillet 2005 et Philippe Feune, le 30 mai 2007, ont rencontré Francis Magnin. Gruyérien d’origine, il laisse en 1964 l’exploitation parentale de Marsens (FR) à ses frères pour venir s’installer avec sa femme dans la région de Couvet. À quatre-vingts trois ans, il a déjà septante-et-une années d’expérience en tant que sourcier, dont il évoque pour nous quelques pages. (Extraits)

Comment êtes-vous devenu sourcier ?

À douze ans, j’ai vu un sourcier chez mon oncle avec ses baguettes, j’avais envie d’essayer, et ça a marché. On devait justement chercher une source pour la ferme de mes parents, je me suis mis en quête et l’ai trouvée ! C’est la première fois que j’ai détecté de l’eau. J’ai réussi du premier coup, avec une baguette. On a creusé et il y a eu un joli filet d’eau.

Lorsque vous êtes venu vous installer à Couvet, était-on déjà au courant de votre don ?

Je n’avais pas dit que j’étais sourcier. Mais je faisais partie du comité de la laiterie. Il faut beaucoup d’eau pour les laiteries et le laitier avait commencé à creuser dans la cave d’une grande loge où, dans le temps, on stockait de la glace. Mais il creusait au « mauvais endroit ». Je sentais où se trouvait l’eau et je leur ai indiqué l’endroit où il fallait creuser là. J’ai coupé une baguette en forme d’Y et suis entré dans la remise — les autres rigolaient — mais la présence d’eau se sentait puissamment. On est tombé sur une source qui débitait 500 litres minute. On est allé chercher la bleue (l’absinthe) pour goûter l’eau et voir si elle était bonne… Deux des membres présents n’ont pas pu aller traire leurs vaches…

Avez-vous déjà rencontré des collègues sourciers ?

J’ai fréquenté un grand sourcier de Berne, Joseph Seiler qui a d’ailleurs écrit un livre. Maintenant il est mort et a passé son don à quelqu’un de Marly. J’ai d’ailleurs fait venir ce dernier parce que des gens de Boveresse voulaient de l’eau, mais son travail ne m’a pas enchanté. Par contre Joseph Seiler était un as dans tous les domaines. Il a même trouvé de l’eau à trente mètres de profondeur. La première fois que je l’ai accompagné — je l’avais fait venir car trois fermes des Sagnettes jusqu’au Brenin désiraient de l’eau — on a réussi à en trouver juste sous une ferme. Nous pouvons évaluer la profondeur à laquelle l’eau se trouve, mais ce n’est pas toujours juste. Par contre lui pouvait annoncer avec exactitude la profondeur et la quantité d’eau. Il pouvait même, à distance, localiser une source.

Avez-vous d’autres histoires ?

Aux Planes, le fils qui tenait le domaine m’a appelé car des choses étranges s’y passaient. À l’écurie, s’il mettait une vache à l’endroit où l’eau passe, elle perdait un trayon ; si une génisse se trouvait à ce même endroit au mois de mars, il fallait l’abattre parce que la mise-bas se passait mal. Dehors les veaux n’allaient pas mieux. J’ai vu ce que c’était. Une ligne à haute tension passe au-dessus. J’ai avancé avec ma baguette, et en passant sous la ligne j’ai alors décollé, j’ai jeté au loin ma baguette, j’ai eu comme une sorte de décharge électrique !

 

 Justine Rosselet, le 11 août 2005, et Philippe Feune, le 24 juillet 2007, ont eu l’occasion de s’entretenir avec Claude Jacquemin-Verguet, retraité de la SNCF et géobiologue à ses heures, aux Longevilles Mont d’Or Haut, en France voisine. (Extraits).

 

 

 

 

Comment avez-vous commencé à vous intéresser à la géobiologie et pouvez-vous expliquer ce que c’est ?

La géobiologie vient de « Géo », la terre et « Bio », la vie. C’est l’étude de l’influence de la terre sur la vie en général. La géobiologie est avant tout une méthode d’investigation, une technique qui permet un diagnostic. Le remède, lui, n’est pas toujours aisé à découvrir et parfois impossible à appliquer. Les géobiologues sont déjà des radiesthésistes. Mes premiers contacts avec la radiesthésie remontent à 1999. Sur le secteur des Longevilles Mont d’Or des exploitation de mines de fer, présentent depuis plus de quatre siècles (du XIVe au XIXe s.), ont laissé des traces sur le terrain et d’après les archives locales le minerai était également exploité dans des galeries. Nous étions dans l’incapacité de retrouver l’entrée de ces galeries car le terrain avait été remis en état à la fin de l’exploitation. Nous avons donc fait appel à un sourcier alsacien qui nous a expliqué et indiqué l’endroit où se trouvaient des galeries et leurs profondeurs, des puits, etc. C’est là qu’il nous a révélé que la radiesthésie n’était pas forcément un don. Que pratiquement tout le monde pouvait l’exercer, à condition de se préparer en évitant le blocage mental. Cette personne nous a donc initié et nous sommes restés trois adeptes à pratiquer sur ce secteur avec quelques bons résultats. En effet, nous avons pu mettre à jour différentes galeries. La pratique de la radiesthésie/géobiologie est pour moi un loisir, car je ne suis qu’un amateur, je ne suis pas sûr d’obtenir des réussites à 100%.

Qui a fait appel à vous et pour quelles recherches ?

Ce sont des gens proches, mon entourage. On m’a demandé deux fois de rechercher des personnes disparues mais je n’ai pas voulu le faire car je ne voulais pas donner de faux espoirs en me trompant. D’ailleurs dans ces deux cas, j’ai effectué des recherches à titre personnel, résultat : une réussite et une erreur. Par contre, je le fais assez souvent pour la disparition d’animaux.

Quels « outils » utilisez-vous ?

J’utilise des baguettes de sourcier, un lobe-antenne, un pendule, une antenne de Lecher et des rods (baguettes coudées). Je localise les réseaux Hartmann (quadrillage tellurique matérialisé par des rectangles de 2 mètres 50 sur 2 mètres orientés nord sud). Leurs croisements sont des lieux de prédilection pour les chats, les hirondelles et les fourmis, mais sont source de nombreux maux pour beaucoup.

 

 Architecte de métier, Stéphane Cardinaux s’est totalement investi dans la géobiologie tout en s’alliant avec son ex-métier d’architecte-bâtisseur. Philippe Feune l’a rencontré à son domicile de Saint-Sulpice, le 12 juin 2007.

 

 

 

 

 

Y a t il des normes officielles pour être géobiologue ? Une déontologie ?

Non, il n’y a pas de normes, chacun peut se dire géobiologue. Il n’y a pas de formation officielle. On forme des écobiologistes qui eux sont reconnus, puisqu’il y a une formation à l’Association suisse d’écobiologie. Il existe aussi une formation en France, en Alsace chez Bioespace, où il est possible d’obtenir un diplôme. La formation d’écobiologie-architecture est plutôt orientée sur les matériaux sains et l’interaction entre la maison et l’être humain. Une partie du cursus est liée aux études de lieux, la géobiologie y est intégrée. Quant à moi, je ne fais que de la géobiologie et non de l’écobiologie. J’accompagne seulement les architectes écobiologistes dans la géobiologie. Par contre il est vrai qu’il existe des normes allemandes pour les pollutions électromagnétiques que la géobiologie respecte. Ainsi pour chaque type de pollution, électrique, magnétique, électromagnétique, tellurique, etc., des valeurs ont été définies. Moi, qui ai déjà conduit plus de 400 expertises, je vois que dès que l’on dépasse ces valeurs, les gens éprouvent vraiment des problèmes. Je trouve que les normes sont bien faites et lorsque l’on est au-dessous de ces valeurs, cela se passe en général bien, sauf pour les gens qui sont extrêmement sensibles, car pour eux la moindre perturbation les rend malades. La déontologie est quelque chose de très important. Le but des géobiologistes n’est pas d’arriver et de dire aux gens que rien ne va, qu’ils vont avoir un cancer dans trois mois, etc. Certains sont un peu alarmistes mais ce n’est pas du tout ma manière de travailler. Si l’on dépasse certaines valeurs, les risques augmentent, on peut le dire, mais sans plus de détails. La géobiologie c’est davantage une question de bien-être que de santé et de survie. C’est une démarche qui s’inscrit dans l’écobiologie et même dans le développement durable. Autant le projet a un côté social, autant on tient compte des énergies, de la problématique du lieu, etc. Souvent ce sont des maîtres d’ouvrage, qui éprouvent une vision très large des choses, qui considèrent que la géobiologie s’inscrit dans la construction, comme n’importe quelle autre discipline. Il faut faire de son mieux, chacun en fonction de son ressenti. Nous avons tous nos limites et il faut faire appel à d’autres si l’on ne peut résoudre un problème.

 

Détection des ondes telluriques dans une habitation ©

Eau 21 Un esprit cartésien peut-il faire appel à un géobiologue ?

Oui, je connais plein de personnes hypercartésiennes qui ont fait appel à mon savoir : des médecins, des ingénieurs qui n’y croyaient pas du tout. Mais lorsque je vais chez eux et que je leur dit qu’il y a tel phénomène qui se passe sous leur maison et qui provoque tel ou tel problème de santé, que généralement ces problèmes surviennent dans les trois à quatre mois après avoir emménagé, que celui qui dort dans ce lit a telle ou telle difficulté, la plus cartésienne des personnes doit finalement avouer qu’elle a effectivement un problème. Même si son mental le réfute, elle doit bien reconnaître que ce que j’ai trouvé correspond à son problème. Il y a plein de personnes qui, lorsque j’arrive chez elles, me disent d’office qu’elles n’y croient pas, mais que comme elles n’ont plus le choix — les médecins leur ayant dit que leur trouble provient de l’endroit où elles dorment — elles n’ont plus trente-six solutions, si ce n’est faire appel à un géobiologue. Il m’est possible de dire que tel phénomène peut par exemple provoquer de gros problèmes dans le bas des jambes, etc. Ensuite, j’indique comment déplacer le lit, comment modifier les énergies pour ne plus avoir ce problème. Une fois que le client est guéri, il doit bien admettre que quelque chose s’est passé…

Pour vivre au mieux avec cet ensemble de données il faut, semble-t-il, disposer de moyens importants pour pouvoir acquérir le terrain adéquat et ensuite construire sa maison selon ces normes ?

Non pas du tout, les maisons écobiologiques sont en général moins chères que les maisons traditionnelles. En écobiologie, on va à l’essentiel. L’étude et l’expertise d’un terrain représentent 200 francs et dans le budget d’une maison, c’est négligeable. Reste la question des matériaux, il est vrai que ces derniers sont plus chers, mais ils sont mis en œuvre de manière à économiser de la matière ou de limiter le nombre d’interventions. Nous arrivons à des compositions de murs qui sont globalement moins chères, même si les matériaux sont eux plus onéreux. D’ailleurs, si ces derniers sont plus chers c’est simplement parce qu’il y a moins de demande et c’est souvent la demande qui fait le prix. De toute façon, avec l’augmentation du prix du pétrole, ils vont fatalement devenir meilleur marché à l’avenir et, en plus, toujours davantage de personnes en veulent. Les grandes entreprises sont bien conscientes de cette nouvelle demande, elles investissent dans ce créneau, et obligatoirement les prix diminueront. Reste le fait que si actuellement vous voulez isoler votre maison aux standards énergies, cela vaut à peu près 5% de plus et 10% si vous voulez faites du passif. On arrive aussi à construire des maisons écobiologiques moins chères que des maisons traditionnelles, mais c’est aussi une question de style de vie. Si vous désirez des appareils nécessitant l’installation de prises électriques partout, non seulement c’est cher mais vous augmenterez la pollution électromagnétique.

Que pouvez-nous dire sur le choix du terrain ?

Moins de 10% des terrains ont des problèmes. Autrefois, les gens construisaient souvent au bon endroit, tout simplement parce qu’ils avaient du ressenti. Ils disaient que le village devait se situer à tel endroit, parce qu’il ne devait pas être dans une zone inondable, dans une zone où il y a des glissements de terrain ou des avalanches. Lorsqu’ils mettaient leurs vaches aux champs et qu’ils s’apercevaient que tous les animaux qui paissaient sur le terrain étaient malades, ils les déplaçaient. Actuellement ce qui se passe avec l’expansion démographique, c’est que l’on construit aussi dans ces zones. Il ne faut pas s’étonner si les gens sont malades. Les zones à construire devenant rares, on finit par bâtir où nos ancêtres n’allaient même pas. J’ai un exemple à Bulle d’une grande parcelle avec une ferme. Une partie a été vendue comme terrain à bâtir pour des villas. Cependant, il restait au milieu une série de parcelles qui avaient l’air bien, mais que les gens du coin ne voulaient pas. Je me suis posé la question et trouvé : il s’agissait d’anciens marécages et les autochtones attendaient un acheteur qui l’ignorait. Aujourd’hui si un client me demande si ce terrain est bon à prendre, je lui répondrai négativement, compte tenu de ce que je sais et de ce que j’ai ressenti. De manière générale, il faut se méfier des terrains trop bon marché, ça cache parfois ce genre de situation.

Quelle est votre opinion de géobiologue sur la pollution de l’eau et sur le changement climatique ?

La pollution de l’eau va devenir un élément très important. En Suisse, on a de la chance parce que l’on arrive à de bons résultats grâce aux STEP. Je vois la différence avec la France, où la situation est autre. Moi qui suis équipé en bioélectronique de Vincent, je mesure la qualité de l’eau, pas sur le plan chimique mais sur le plan bioélectronique, c’est-à-dire la quantité d’électrons libres dans l’eau. Si on veut une excellente qualité d’eau, il faudra investir entre 2000 et 4000 francs pour une maison. Cela en vaut la peine car après on économisera une grande quantité de produits chimiques. En Suisse nous avons des eaux de bonne qualité. C’est au niveau bioénergétique que cela pose problème, parce que l’eau passant dans les tuyaux en ressort morte. Dynamiser l’eau est vraiment prioritaire. Il y a trois paramètres : l’aspect chimique, l’aspect bioélectronique et l’aspect énergétique. Pour la pollution chimique, le seul moyen, pour qu’il ne reste rien dans l’eau, consiste à utiliser pour la boisson l’osmose inverse, je ne connais aucun autre système qui soit aussi performant que celui-ci. Pour ce qui est de l’aspect bioélectronique, il y a là aussi des systèmes pour améliorer l’eau. Le troisième aspect c’est l’aspect bioénergétique, dans ce contexte, l’eau n’est pas de bonne qualité en Suisse, elle diminue souvent le biochamp humain. L’osmose inverse permet une augmentation du champ d’énergie, et si vous améliorez la bioélectronique vous augmentez encore le champ d’énergie. Le but devrait être d’arriver à de l’eau comparable à celle d’une source. Boire une eau saine se ressent tout de suite, cela se voit au niveau de la peau, du transit intestinal et de la santé en général. Les maladies sont de plus courte durée, lorsque l’on boit une eau qui purifie vraiment le corps.

 M. François Pasquier, hydrogéologue

François Pasquier a bien voulu recevoir Justine Rosselet le 25 août 2005 chez lui à Couvet pour lui donner plus d’information sur sa profession d’hydrogéologue et sa vision des sourciers et géobiologues (Extraits).

 

 

 

 

Comment les recherches en eau s’effectuent-elles aujourd’hui ?

Dans un premier temps on étudie les cartes détaillées et ensuite il faut se rendre sur place, c’est indispensable d’aller sur le terrain. L’hydrogéologue ou le géologue peut déjà interpréter un certain nombre de signes avec ce qu’il voit au niveau des roches, des bordures de rivières ; puis on interroge les gens, on rassemble donc une documentation en allant sur place. Cela reste de la recherche douce qui nécessite peu de moyens, mais si ensuite on bute sur des difficultés, il faut commencer à creuser pour connaître plus précisément les possibilités en eau. Ceci consiste à creuser des tranchées d’environ 2 ou 3 mètres. Si l’on veut aller plus profond, il faut faire des forages. Mais on utilise le plus possible les données que d’autres ont déjà récoltées. Quand tout va bien, on a un profil de forage qui donne des informations géologiques. Il y a des essais de traçages qui sont effectués et qui montrent des liaisons hydrauliques. On injecte du colorant à un endroit donné et on regarde où il sort. Cette technique est un peu lourde à mettre en œuvre pour des grands essais régionaux ; si on injecte un colorant au milieu de la montagne, il faut surveiller toute une série de sources, faire des prélèvements réguliers etc., c’est assez fastidieux. Mais cela constitue des preuves… Après il y a des méthodes géophysiques, qui nous ramènent à la baguette au fond… c’est-à-dire que se sont des mesures de courants qui passent, de résistance, de déphasages, c’est la géoélectricité et on en tire des informations sur la nature du sous-sol. Il y a aussi les mesures de propagation des ondes sismiques, la gravimétrie qui mesure l’attraction terrestre etc. Il m’est arrivé d’utiliser des ondes radio pour les recherches d’eau, pour voir où passe un chenal de graviers ou de limons, c’est de l’électromagnétisme.

L’hydrogéologue est-il un homme de terrain ?

Pour faire ces cartes géologiques, je travaille avec des documents déjà existants comme des cartes géologiques au 25 millième ou des cartes de détails. Je travaille aussi avec toutes sortes de documents d’études régionaux ou locaux pour des puits ou des sources. Ces documents peuvent aussi être des thèses. Les cantons ont beaucoup de rapports qu’ils font faire la plupart du temps par des bureaux privés. L’hydrogéologue est de moins en moins un homme de terrain, il devient de plus en plus un homme de bureau travaillant sur ordinateur. Personnellement je ne fais pas beaucoup de terrain.

L'eau du Val de Travers sert aussi à produire de l'électricité. Ici dans les gorges de l'Areuse

Quelles sont les raisons de faire appel à un sourcier ?

Le sourcier est une aide pour des petits captages, des petites sources ou pour repérer des drains et des canalisations. Mais pour les gros ouvrages, à une profondeur de 300 ou 500 mètres, il n’est pas tellement utile. C’est probablement trop profond pour lui. Le sourcier est utile pour trouver de l’eau dans les pâturages, éventuellement pour des cultures, qui demandent plus d’eau aujourd’hui avec les transformations de l’exploitation des terres.

Que pensez-vous des géobiologues ?

Je n’ai pas une énorme confiance…, j’ai essayé de mesurer les réseaux Hartmann dans ma maison mais pour moi ce n’est pas très clair. Je pense qu’il y a effectivement un environnement électromagnétique qui agit sur le bien-être. Certaines maisons sont mal situées, des effets néfastes empêchent de bien dormir, de toute façon il y a des endroits où on est tellement environnés de tuyauteries, fils électriques, ondes radio etc., qui nous mettent dans un brouillage presque total… Je pense qu’il y a des actions utiles, comme encercler certaines maisons avec un fil pour diminuer la remontée des capillaires dans les murs, mais d’autres choses restent troubles. Les géobiologues emploient des théories qui ressemblent à celles des scientifiques, probablement que c’est juste dans certains cas, mais pas toujours. Je ne peux pas croire par exemple que le réseau Hartmann soit tout à fait régulier et que cela n’interfère pas avec le milieu, la terre.

 

À tous ceci, Justine Rosselet apporte une conclusion des plus pertinente :

Le métier de sourcier au sens traditionnel est en voie de disparition. Cela coïncide avec le déclin de la vie rurale, l’essor des villes et l’écart toujours plus grand que nous avons avec la nature. Si la dimension scientifique prend le pas sur le savoir-faire pratique du sourcier, la dimension sociale n’a cependant pas disparu, mais s’est transformée avec l’émergence de la figure du géobiologue. Cependant le géobiologue a étendu la recherche de l’eau à d’autres activités, comme la santé et l’habitation. Son approche est assez globale et touche aussi à des aspects relationnels. Il se propose de régler des problèmes de sommeil, d’inconfort dans la vie privée de ceux qui veulent bien lui confier leur histoire. En revanche l’activité du géobiologue est aujourd’hui bien souvent rémunérée…, contrairement à celle du sourcier. Cela montre que l’aspect économique, comme nous le savons, a pris de l’ampleur dans nos modes de vie. De manière générale, cela montre aussi qu’aujourd’hui, ce qui n’est pas « professionnalisé », ou agréé scientifiquement et socialement, n’est  ni valorisé ni considéré avec sérieux. Les techniques et les connaissances de recherche d’eau se sont constamment perfectionnées dans un contexte de développement industriel de nos sociétés, ce qui explique bien sûr la diminution de la pratique sourcière. Cependant, des personnes qui ont une très bonne connaissance de leur région sont capables de trouver de l’eau et ce, grâce à des techniques très simples. Elles détiennent souvent une parfaite connaissance de leur environnement et un ressenti particulier, quel que soit l’endroit où elles exercent. Si la sourcellerie telle que l’on se la représentait — un homme âgé un peu mystérieux avec une baguette de noisetier— est en train de s’éteindre, la géobiologie est, elle, bien en train de reprendre ses préoccupations, comme l’incidence de la présence d’eau ou les effets des ondes électromagnétiques sur l’homme. Là le champ des recherches et des découvertes reste encore vaste. Et certains hydrogéologues utilisent toujours les baguettes, comme aide pour leur travail…

Installation ingénieuse du Jura neuchâtelois : un captage d'eau de pluie pour alimenter les bêtes

Justine Rosselet est née en 1975 à Lausanne. Elle a fait ses études en latin-grec puis s'est orientée en sciences sociales à l'Université de Lausanne. Elle a ensuite poursuivi ses études à l'Institut d'études du développement à Genève pour travailler dans les domaines de l'humanitaire et du développement. Elle est alors partie au Laos pendant plusieurs mois pour participer à un projet de commercialisation équitable de la soie. Très intéressée par le travail de terrain et l'aide directe aux personnes nécessiteuses, elle s’est aujourd'hui engagée  dans cette voie.

Philippe Feune est né dans le Jura en 1955. Compositeur typographe de profession, il a voyagé pendant 10 ans à travers le monde, à la suite de quoi il a poursuivi sa formation et obtenu un certificat de bureau et commerce. Mordu d’histoire, il se passionne pour la Première Guerre mondiale et publie quelques livres et articles sur ce sujet, avant de se tourner vers la psychologie des profondeurs, ce qui l’amène naturellement à l’étude de l’histoire des religions et en particulier des sources sacrées.

 

Gorges de la Poëta-Raisse (NE)


 


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Septembre 2007.
 


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