Maurice Montandon
Patrimoine au fil de l'eau :
à la découverte des richesses de l'Arbogne
Se
faufilant entre les cantons de Vaud et de Fribourg, la charmante Arbogne
a vu se miroiter dans ses eaux toute l'histoire de ces régions. D'abord
les fiers Tigurins qui osèrent défier César, et qui ont peut-être donné
le nom à la rivière "rivière blanche ou écumeuse" (du celtique alb-
blanc et du suffixe –ona, source, rivière) puis les constructeurs
gallo-romains qui osèrent doubler ses méandres d'un aqueduc. Ensuite
vinrent s'installer les meuniers du Moyen Age remplissant de leurs
moulins les rives que les seigneurs de Montagny surveillaient, que le
donjon impérissable
de leur château surplombe toujours. Les chevaux de l'armée du Téméraire
ont peut-être bu dans ses eaux bien avant que la révolution industrielle
des forges du 19e siècle ne vienne la salir. Mais tout cela
n'est plus qu'aujourd'hui ruines et souvenirs, et la fière Arbogne semble
préférer de nos jours le touriste pédestre que d'être le tout à l'égout
et le transporteur des phosphates des champs. Maurice Montandon ne s'y
est pas trompé lorsqu'il a entreprit d'en faire son sujet d'étude.
Maurice
Montandon a toujours été attiré par le tourisme. Après des études
secondaires à Yverdon, il poursuit une formation d'agent de voyages
avant de s'installer à Payerne où il est nommé responsable d'un bureau
de voyages. Après plus de vingt ans dans ce secteur, il s'intéresse à
l'informatique puis se tourne vers les offices régionaux du tourisme.
Ayant toujours pratiqué la marche durant ses loisirs, c'est tout
naturellement qu'il a accepté de conduire une étude sur l’offre de
sentiers pédestres à la découverte du patrimoine de la Broye et plus
particulièrement de l'Arbogne.
La beauté du
Vallon de l'Arbogne mérite largement que l'on prenne le temps de sa
découverte, nous dit Maurice Montandon. L'histoire de la seigneurie de
Montagny et la silhouette encore présente de quelques moulins nous
laisse deviner la mémoire d’une région qui a su saisir sa chance chaque
fois que cela était possible. L'intérêt manifesté par les autorités pour
la mise en valeur de leur patrimoine naturel et bâti nous réjouit. Avec
cette publication, nous espérons vivement vous avoir donné l'envie
d'aller découvrir de plus près l'Arbogne. Cette rivière prend sa source
dans la forêt de Farzin et plus précisément sur le versant nord du lieu
dit « Montagne de Lussy », endroit situé entre la commune de Rossens (VD)
et Villaz-St-Pierre (FR). Ensuite, la rivière coule en pays fribourgeois
en passant par les communes et villages de Châtonnaye - Torny-le-Grand -
Corserey - Grandsivaz - Montagny-les-Monts - Cousset. Elle devient
limitrophe, entre Vaud sur sa rive droite et Fribourg sur sa rive
gauche, avant de poursuivre son parcours sur le territoire de la commune
de Corcelles-près-Payerne.
À la sortie de
Corcelles-près-Payerne, elle accueille le ruisseau du Saut avant de
retrouver le territoire fribourgeois où elle traverse les communes de
Dompierre
et Domdidier pour recueillir à la sortie de ce dernier village le
ruisseau de la Baume.
Quittant
Domdidier l'Arbogne retrouve le territoire vaudois par la commune d'Avenches
qu'elle fréquentera aux abords du Haras national suisse, avant de se
jeter dans la Broye, sur le territoire de la commune de Constantine.
Sur les
trente-deux kilomètres de son sinueux parcours, l’Arbogne n'est vaudoise
que seulement sur sept kilomètres.

L'Arbogne au centre de Corcelles-près-Payerne
Par la suite,
Maurice Montandon nous informe de l'influence économique de la rivière,
de sa faune et de ses fureurs dans le débordement de ses eaux qui reste
d'actualité. Puis l'auteur nous conte quelques résumés historiques de
communes riveraines : Torny, l'Enclave de Tours, Corcelles-près-Payerne,
Dompierre, Domdidier, Avenches, ainsi que celle de Montagny dans le
canton de Fribourg :
La commune de
Montagny, telle qu'elle se présente aujourd'hui, est le résultat d'une
fusion entre les anciennes communes de Grandsivaz, Mannens et Montagny
datant du 1er janvier 2004. Cette fusion a été précédée
d'un premier mariage entre Montagny-la-Ville et Montagny-les-Monts le 1er
janvier 2000. Sont donc maintenant réunis en une seule commune, les
villages et hameaux de : Cousset, Grandsivaz, Les Arbognes, Bois Girard,
le Grabou, Mannens, Grandsivaz, Montagny-la-Ville, Montagny-les-Monts,
Tours et Villarey. Sa surface actuelle est de 1752 ha. En 2006, la
commune a recensé 1936 habitants. Vers 1500 av. J.-C. déjà des hommes
choisirent de vivre dans cette région. C'était l'Âge du bronze. On en
veut pour preuve le tumulus découvert au lieu-dit « le Grabou ». Du
temps des romains, les localités proches d'Aventicum prirent souvent les
noms de familles de notables qui possédaient des propriétés. Ainsi
Montagny était la propriété d'un certain Montanius, qui baptisa le lieu
en « predium montaniacum ». Le temps des romains arriva à son terme avec
l'arrivée des Burgondes, qui les chassèrent. Dès 1146 la région
dépendait de la seigneurie de Montagny qui contrôlait également les
villages de Domdidier, Dompierre, Russy, Mannens, Grandsivaz, Lovens et
possédait des droits dans une grande partie de la Broye fribourgeoise.
Au
XIIIe siècle, Montagny devient une zone tampon. La plupart
des seigneuries et des villes dépendent alors directement de l’Empire.
De 1269 à 1309, on construit la Ville neuve, se composant de cinq rues,
dont la principale comptait une trentaine de maisons. On dénombrait
alors soixante feux (fermes) et plus de cinq cents habitants. L’ancien
bourg date du début du XIIe siècle. À la suite des Guerres de
Bourgogne, Fribourg achète à la Savoie, en 1478, la seigneurie de
Montagny, la transformant en bailliage fribourgeois. S’y succèderont
septante-cinq baillis, avec le titre de châtelain. Les documents de 1526
parlent de la communauté du bourg de Montagny, ce qui suppose une
administration indépendante des bourgeois. Mais une certaine autonomie
communale existait déjà dès la fin du XIVe siècle. Face à
leur gêne financière, les seigneurs mettaient à profit les aspirations
du peuple. Aussi, la classe des taillabiles disparaissait par vagues
successives de rachat de servitudes. C’est le temps de la Réforme. En
1536 Fribourg et Berne se jettent sur les terres savoyardes du Pays de
Vaud, mais les rapports entre les partisans des deux cultes demeurent
relativement paisibles, Berne et Fribourg ayant intérêt à se donner un
appui mutuel pour conserver leurs conquêtes. Le 11 juillet 1629, les
limites du territoire fribourgeois et bernois sont déterminées entre la
ville de Payerne (BE) et le baillage de Montagny (FR). Les bernois de
Payerne cèdent aux fribourgeois l'église, le cimetière et d'autres
terres comme le domaine de l'Église-de-Tours. En 1798, l’invasion des
troupes françaises signifie la fin du bailliage fribourgeois de Montagny
qui aura duré trois-cents-vingt ans. On crée alors le district de
Montagny, lequel adhère à la République lémanique puis helvétique. Les
délégués de Montagny se rendent à Payerne. Il faudra attendre l’an 1803
pour que renaissent les souverainetés cantonales, avec l’Acte de
Médiation de Napoléon Bonaparte. Montagny se retrouve alors sur le
territoire du canton de Fribourg. En 1848, avec l’avènement de la
Constitution fédérale, le district de Montagny disparaît, il fera partie
intégrante du district de la Broye fribourgeoise.
L'intérêt
touristique s'étend également avec le haras national à Avenches :
L'histoire du
Haras fédéral débute en 1874, lorsqu'un arrêté fédéral décide de la
création d'une station d'élevage « d'élèves-étalons » à Thoune. Puis en
1899, l'Assemblée fédérale accorde un crédit de 620'000 francs pour la
construction d'un dépôt d'étalons et de poulains à Avenches. Cette
construction sera réalisée en 1901 et se composera d’un bâtiment
administratif, d’écuries, d’un manège, d’appartements et d’ateliers.
En 1927
la dénomination d’Haras fédéral est donnée à cette organisation qui
acquiert pour la première fois des juments poulinières (dix de la race
des Franches-Montagnes). Dès cette date, le Haras fédéral exploite
également le domaine agricole attenant au site d'élevage des chevaux. En
1994, la réorganisation de l'infrastructure du Haras débute avec la
privatisation du domaine agricole. En 1998, l'institution prend le titre
de Haras national suisse. Depuis janvier 2000, le Haras fonctionne sur
la base d'un mandat de prestations et d'une enveloppe budgétaire
spécifique pour la conduite de son activité. Il fait partie de la
Division Recherche et Vulgarisation de l'Office fédéral de
l'agriculture, rattaché lui-même au Département de l'économie. Le Haras
a aujourd’hui trois missions principales : améliorer le bien-être du
cheval, sauvegarder la race des Franches-montagnes et développer la
compétitivité et la rentabilité du cheval en Suisse.

Le Haras national suisse à Avenches
Une étude
particulière a été portée sur les itinéraires pédestres : la
réglementation, la signalisation et le balisage ainsi que le concept
pour la réalisation d'itinéraires pédestres dont l'étude de deux
nouveaux itinéraires : Grandsivaz – Moulin-de-Prez – Les Arbognes –
Cousset ; Cousset – Dompierre avec les points importants d'une
faisabilité des parcours.
Après avoir
étudié le parcours de l'aqueduc romain entre Bonne-Fontaine et Avenches,
Maurice Montandon s'est intéressé aux moulins qui bordent ou qui ont
bordé le lit de l'Arbogne : Le moulin de Prez, le moulin des Arbognes,
le moulin de Bossy à Cousset, le moulin Sous-Tours à Corcelles-Payerne,
et les moulins Bossy de Corcelles. C'est d'ailleurs avec le fils du
dernier meunier du Moulin de Sous-Tours, André Schulé, que débute la
série des entretiens dont nous rapportons quelques extraits.
Pouvez-vous
nous décrire l’activité du moulin ?
Le travail au
moulin était important car il n’y avait pas d’employés extérieurs à la
famille. Chacun devait donner un coup de main. Nous, les enfants,
participions à la manipulation des sacs et au nettoyage des locaux. Le
moulin avait trois secteurs d’activité : le moulin à farine, le battoir
et l’huilerie. L’oncle Jean-David s’occupait essentiellement de la
meunerie alors que mon père faisait le reste du travail. La grosse
saison du battoir durait environ quatre à cinq mois, le moulin
fonctionnait souvent jour et nuit (la saison de l’huilerie durait de
décembre à mars). Il n’était pas rare que le travail commence à deux ou
trois heures du matin, pour se terminer vers vingt-deux heures. Je me
souviens que quand je me levais pour aller à l’école, les hommes étaient
là en train de faire les « neuf heures » avec le pain, le fromage et le
saucisson.
Quelles
étaient les marchandises traitées dans le moulin ?
Comme nous
travaillions « à façon », nous n’avions pas de transporteur, les gens
apportaient la marchandise et venaient la rechercher après sa
transformation. Il s’agissait surtout de céréales : petits grains de blé
ou d'orge qui étaient donnés au bétail — car le meilleur blé était
destiné à la Confédération — et toutes sortes de tourteaux, d’os, de
caroubes, etc. Il y avait aussi l'aplatissage de l'avoine pour les
chevaux. Occasionnellement, le moulin traitait des graines de chanvre
qui étaient utilisées par des sociétés de pêche pour la fabrication
d’appâts pour les poissons. Il n'y avait pas encore de maïs. Nous avons
également pressé du colza, des noix et des noisettes, que des personnes
apportaient d'un peu partout pour faire de l'huile. La maison
Siegenthaler de Payerne était le plus gros client du moulin. Cette
entreprise faisait commerce d’aliments pour le bétail.
Vous
souvenez-vous des dates et des raisons qui ont mis fin aux activités du
moulin ?
Les activités du
moulin ont cessé progressivement, suite à l’évolution de la technologie.
Tout d’abord le battoir a cessé ses activités en 1972. L’arrivée des
moissonneuses-batteuses a sonné le glas de bien des battoirs. Puis mon
père a arrêté la meunerie au début des années quatre-vingts. En ce qui
concerne l’huilerie, il a continué à faire principalement de l’huile de
noix, jusqu’en 1987, année de son décès.
Et l’Arbogne,
s’entretenait-elle ? Si oui, par qui ?
À l'époque, les
rives de l'Arbogne devaient être entretenues par les riverains. Avec mon
père et mon oncle, je me souviens que nous avons construit des murs en
béton en deux endroits de la rive, côté vaudois, afin d’éviter
l’affaissement des berges. Je me souviens aussi que mon père engageait
un tâcheron, un certain M. Jaquet de Payerne, pour récolter le gravier
et le sable qui se déposait dans l'Arbogne. Je pense qu'il fallait un
permis ou une autorisation, mais je ne me souviens pas de cela
précisément. Ces matériaux étaient ensuite achetés par des paysans pour
leurs besoins de construction. Ils venaient avec des chars d'une
grandeur bien déterminée, et que l'on pouvait ensuite basculer au moyen
d'un cric.
Le
moulin a été vendu à un passionné des moulins, Heinz Schuler. Même s’il
n’y a plus d’arrivée d’eau, puisque le canal a été comblé, il compte le
réhabiliter, notamment l’huilerie, si ce n’est déjà fait. Je me réjouis
du rachat du moulin par une personne qui se sent concernée par le Moulin
de Sous-Tours et son histoire. Je suis persuadé que M. Schüler, le
nouveau propriétaire, qui est également président de l’Association
suisse des anciens moulins, saura redonner vie à cette maison où j’ai
passé mon enfance.
Entretien
avec Alain Peter, syndic de Corcelles-près-Payerne (VD) et Hubert
Oberson, conseiller communal de Montagny (FR), le 14 septembre 2007 :
Pouvez-vous
nous parler de vos communes et de votre rapport avec celles-ci ?
AP :
J'ai toujours été attaché à la commune de Corcelles-près-Payerne, car
mes grands-parents y habitaient avant que nous venions nous y installer
alors que j'avais 12 ans. J'y ai donc fait ma jeunesse et j'ai toujours
apprécié les rapports humains qui existent entre les habitants et dans
les différentes sociétés du village.
HO :
J’exploite mon domaine de Montagny-les-Monts de 58 ha et de 75 têtes.
J’ai deux filles qui ne se destinent pas à l’agriculture, l’une préfère
la coiffure, elle est d’ailleurs installée à Corcelles !
Quelles sont
les caractéristiques de votre village respectif ?
AP :
L'aspect rural de Corcelles, avec ses belles fermes vaudoises aux
vastes toits, est très agréable, tout comme ses nombreux vergers et
espaces de verdure. Nous avons également quelques sites intéressants qui
font partie du patrimoine communal, notamment l'église Saint Nicolas du
XIe siècle, l'Église de Tours, l'ancien grenier et le four à
pain à la route des Bays ainsi que le caveau communal dans la maison du
Mont. La commune compte aussi 4,2 ha de vignes qu’elle possède sur la
commune de Lutry/Lavaux. Ces vignes sont consacrées à 55 % pour la
production de vin blanc (chasselas, viognier) et 45 % de vin rouge
(pinot noir, gamaret, garanoir et plan Robert). La vinification de nos
vins se fait dans notre cave de la Grotte à Payerne, à proximité de
l'Abbatiale. Une autre image particulière du village de Corcelles réside
dans la présence de nombreux séchoirs à tabac qui se dressent aux abords
de la commune. Actuellement le village de Corcelles compte 1840
habitants.
HO :
La commune compte une douzaine de sociétés locales, sociétés de
jeunesse, club de football, sociétés de gymnastique, de tir, de chant ou
de musique, et culturelles. En ce qui concerne le patrimoine communal
nous avons quelques bâtisses intéressantes dont nous pouvons nous
enorgueillir, comme le donjon de l'ancien château de Montagny, les
moulins de l'Arbogne, le château de Gottrau, l'ancien institut des
Fauvettes et le Grenier de Montagny-la-Ville ainsi que l'Église de Notre
Dame de Tours. Il y a lieu de mentionner également une ancienne scierie
à eau qui se trouvait le long du ruisseau de la Praz et qui a été
transportée au musée de l'habitat rural de Ballenberg.
L'Arbogne
a-t-elle une importance économique pour vos communes ?
HO :
Je pense que dans les années 1800 et 1900, l'Arbogne a permis le
développement et l'installation d'industries telles que les forges, les
meuneries et les scieries dans la région, mais actuellement il est peu
probable que la proximité d'une rivière soit un élément prépondérant
pour l'implantation de n'importe quelle entreprise, car les technologies
d’aujourd’hui permettent aux industriels ou artisans de s'installer plus
ou moins n'importe où.
AP :
Sans aucun doute dans le temps, puisque le village de Corcelles a compté
jusqu'à cinq prises d'eau pour des moulins, huileries et scieries. Mais
à l'heure actuelle, effectivement, ce n'est plus le cas.
Le débit de l'Arbogne
est-il le même que dans le passé ?
AP
et HO : Nous pensons qu'il y avait plus de débit autrefois et
qu'il était plus régulier. Quant nous étions enfants, nous allions,
d’ailleurs, jouer et batifoler dans la rivière, sur le territoire de nos
communes respectives. Aujourd’hui l'Arbogne est très vite haute en cas
de pluie, mais elle retrouve très rapidement un niveau bas.
Quelles en
sont les raisons, selon vous ?
HO :
J'imagine qu'à l'époque les eaux s'infiltraient d'abord dans les sols
avant d'être redirigées vers la rivière, alors qu'à l'heure actuelle
nous captons et drainons les eaux par des canalisations qui conduisent
plus rapidement l'eau à la rivière, ce qui explique les rapides montées
et descentes des eaux. D'autre part le sol gardait très certainement une
partie de l'eau qui s'y infiltrait.

Crue de l'Arbogne entre Corcelles-Payerne et
Dompierre
A plusieurs
reprises le village de Corcelles a été inondé par l’Arbogne, quelles
sont les solutions envisagées ?
AP :
Effectivement notre village a subi plusieurs inondations dues aux crues
de l'Arbogne. Après la correction des eaux du Jura, un système de
déversoir avait été créé afin de contenir les hautes eaux de l'Arbogne.
Cela a bien fonctionné durant de nombreuses années, et des inondations
mineures n'intervenaient que tous les dix ans environ. Malheureusement
ces dernières années le phénomène s'est reproduit plus fréquemment,
puisque nous avons été inondés en 2001, 2004, 2006 et 2007. Cela devient
insupportable pour les riverains qui subissent de gros dégâts à chaque
inondation. Malgré les travaux, déjà entrepris par la commune, de
nouvelles améliorations doivent être envisagées. Un projet très
important est à l'étude au niveau du canton de Vaud et il doit être
encore accepté par le Grand Conseil vaudois avant la fin 2007. Ce projet
prévoit l'aménagement du canal de dérivation en contournant le village
par le nord pour rejoindre la Broye (voir chapitre les débordements de
l’Arbogne).
L'étude que
nous réalisons a pour but la mise en valeur de l'Arbogne par la création
de chemins pédestres. Vos communes seraient-elles disposées à soutenir
ce projet en participant activement ou financièrement à la réalisation
de cheminements piétonniers ?
AP :
En ce qui concerne des sentiers pédestres, le Conseil communal de
Corcelles a déjà demandé à notre exécutif d'étudier la possibilité de
mettre en valeur certains itinéraires pour promeneurs. Mais il est clair
qu'il faut disposer d'un projet cohérent avant de créer un fléchage ou
de construire des infrastructures adaptées. Mais sur le principe notre
commune serait tout à fait disposée à participer à la réalisation de
chemins pédestres.
Entretien avec
Michel Doleires, directeur de l'Office du tourisme d'Avenches le 26
septembre 2007 :
Le
tourisme pédestre est-il important dans la région d'Avenches et de la
Broye ?
Le tourisme
pédestre n'est pas le créneau principal de notre action et de l'offre
touristique dans la Broye. Notre moteur c'est l'événementiel, et c'est
là que nous plaçons l'essentiel de notre énergie en réalisant ou en
participant à de grands événements tels que le Festival d'opéra,
Slow-up, Aventicum Musical Parade, la Via Roma, etc. C'est d'abord là
que l'Office met toute son énergie. Nous avions à l'époque pour consacré
beaucoup de dynamisme développer des circuits cyclotouristiques en
partenariat avec l'ATB (Association touristique broyarde). En ce qui
concerne le tourisme pédestre, nous avons plutôt laissé la main et
l'initiative à l'Office du tourisme vaudois qui a édité différents
documents et cartes relatifs aux randonnées pédestres ; pour exemple ce
dépliant « Les sentiers de la découverte, nos plus belles balades » qui
suggère un certain nombre d'excursions à pédestres proposées par les
Offices du tourisme régionaux, à l'exemple de l'ATA (Association
touristique d'Avenches) qui a édité une carte en collaboration avec
l'Association vaudoise du tourisme pédestre (AVTP). On remarque
toutefois sur les différentes cartes de notre région, que l'offre est
plus étoffée en circuits pour vélos qu'en itinéraires pédestres. Il est
vrai que la Broye et le Vully se prêtent particulièrement bien à la
pratique de la bicyclette alors que les randonnées pédestres sont mieux
développées dans les régions de moyenne et haute montagne comme le Jura,
les Préalpes ou les Alpes.
De nouveaux
itinéraires pédestres pourraient-ils être créés dans votre région selon
vous ?
Il ne faut
jamais fermer la porte à quoi que ce soit. Pour ma part et pour ce que
j'en connais, je pense que l'offre actuelle de circuits pédestres semble
correspondre aux demandes que nous avons et le balisage de ces
itinéraires est bien mis en évidence par l'AVTP. Je ne pense pas que
nous soyons en manque. Mais je dirais qu'on peut toujours développer de
nouveaux supports ou produits.
Entretien avec
Adrien Genier directeur de "Estavayer-le-Lac/Payerne Tourisme" le 9
octobre 2007 :
Le
tourisme pédestre a-t-il une place importante dans votre région, et
pensez-vous développer des itinéraires pour les randonneurs ?
Dans notre
objectif de tourisme durable, il est évident que le tourisme pédestre a
sa place, et nous envisageons de proposer des excursions individuelles
ou accompagnées mettant en évidence les qualités de la région et la
proximité de la nature et de ses acteurs, que ce soient des agriculteurs
ou des artisans avec lesquels nous envisageons une collaboration
étroite. En ce qui concerne les itinéraires pédestres, nous avons nommé
une responsable au sein de notre office, il s'agit de Valérie Cavin,
elle est chargée de développer des produits thématiques avec pour
objectif d'impliquer les hôtes dans les visites proposées, afin qu'ils
deviennent des acteurs de la vie touristique et non pas seulement des
contemplatifs. Cette interactivité est très importante pour nous. Nous
proposerons également des hébergements en para-hôtellerie pour respecter
notre démarche sur la proximité avec la nature.
Site où l'aqueduc est visible en amont de Montagny
Quelles
actions concrètes proposez-vous ?
Dans le cadre
de la rénovation de notre site internet, nous intégrerons un logiciel de
cartes GPS qui permettra de visualiser et d'imprimer des cartes haute
définition, sur lesquelles on peut réaliser ses propres itinéraires et
où l'on peut paramétrer directement les données de son propre navigateur
GPS. Nous étudierons la possibilité de développer des itinéraires
cyclistes ou pédestres dans le cadre de l'ATB (Association touristique
broyarde) dont nous avons repris la direction, ou avec l'aide de la
COREB (Communauté régionale de la Broye).
Seriez-vous
disposé à participer financièrement à la réalisation d'itinéraires
pédestres ?
Si de nouveaux
itinéraires devaient être créés et qu'ils représentent un réel intérêt
pour le tourisme dans notre région, nous serions tout à fait disposés à
apporter notre aide à leur réalisation. Bien évidemment notre soutien
financier ne pourrait être le principal support de cette réalisation,
mais notre participation active dans le marketing ou la réalisation de
supports de distribution pourrait être facilement envisagée, et si une
aide financière devait être nécessaire, nous pourrions l'étudier.
La réalisation
d'un guide local, régional ou cantonal répertoriant tous les itinéraires
pédestres existants, serait-elle judicieuse selon vous ?
Bien
évidemment un tel guide serait souhaitable, mais quel organisme pourrait
le produire et à quelles conditions ? Car le travail pour réaliser un
tel guide est énorme, si je me réfère à l'expérience que nous avons
vécue lors de l'élaboration de la brochure pour la Rive Sud du lac de
Neuchâtel ; les démarches se sont avérées fastidieuses tant au niveau du
financement, du graphisme que de la récolte d'informations.
Avez-vous des
projets de valorisation du tourisme dans la Broye ?
Les projets de
valorisation du tourisme dans la Broye sont comme je vous l'ai déjà
indiqué la mise en valeur de la région par un positionnement clair dans
le tourisme durable, afin de devenir un exemple en Suisse ou en Europe.
À cet effet nous prévoyons la réalisation d'excursions accompagnées à
des dates spécifiques ou sur réservation, ainsi que des balades
individuelles qui peuvent s'effectuer librement toute l'année. Ces
excursions devront toutes avoir un fil conducteur et impliquer des
acteurs locaux proches des sites visités, afin de développer une
dimension socioculturelle capable de sensibiliser le visiteur.
Pour conclure
êtes-vous optimiste pour l'avenir du tourisme dans la région ?
Je suis très
optimiste car notre offre actuelle est relativement mal perçue en
rapport aux efforts qui ont été faits par le passé. Avec un management
et un marketing mieux ciblés, je suis persuadé que nous obtiendrons une
meilleure visibilité de nos offres et une plus grande mise en valeur de
nos atouts et produits. La réunion des deux offices au niveau régional
ne peut que dynamiser l'attrait touristique de la Broye auprès de la
clientèle et c'est ce que nous nous efforcerons de développer.
C'est à
l'automne 2007 Maurice Montandon donne sa conclusion à son étude :
Si les découvertes faites ont été très enrichissantes et si les contacts
établis se sont avérés instructifs et constructifs, il n'en reste pas
moins que nous avons quelques regrets quant à l’absence — ou à la
disparition — de certains documents ou témoignages de la grande époque
industrielle des moulins qui longeaient l'Arbogne. Aussi, nous
espérerons que cette publication incitera les éventuels propriétaires
d’archives à ne pas les détruire, mais les conserver précieusement.
Une de nos prérogatives consistait à proposer la réalisation de balades
pédestres à caractère local, il est important de retenir que la
concrétisation d'un tel projet nécessite un travail de préparation
important. La recherche d'un organisme susceptible de prendre en charge
le balisage et l'entretien n'est pas si facile qu'il n'y paraît. Les
demandes d'autorisation de passage auprès des propriétaires fonciers
peuvent s'avérer ardues et parfois se voient refusées, comme en a fait
l’expérience la commune de Montagny. Mais avec une bonne dose de courage
et d'obstination tout est possible.

64 pages A4, photos couleurs
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Décembre 2007
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